“Baisse d’impôt ciblée, la fausse bonne idée du Premier ministre” – Tribune de Matthieu Labbé

“Manuel Valls a toujours estimé, avec raison, que les hausses d’impôts devenaient insupportables pour nos concitoyens. Cependant en privilégiant les baisses d’imposition en direction des foyers modestes, le gouvernement réalise à nouveau une erreur de jugement, préférant une mesure populo-électoraliste à une vraie vision qui responsabiliserait les français.”

Tribune de Matthieu Labbé, secrétaire national de l’UMP, à lire sur :

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Le Premier ministre a annoncé avant le scrutin des européennes qui s’est soldé par un désastre pour le Parti socialiste une baisse d’impôt d’un milliard d’euros. Manuel Valls a ainsi choisi le « retournement » de la stratégie fiscale établit depuis l’arrivée au pouvoir de François Hollande en 2012. Les hausses d’impôts massives ont en effet été le marqueur des deux premières années du quinquennat. Augmentation de la TVA, baisse du quotient familial, cotisations aux mutuelles des salariés réintégrées dans l’impôt sur le revenu : le gain total pour l’Etat devrait avoisiner les douze milliards d’euros. Le ras-le-bol fiscal atteint son apogée avec près de 81% des Français qui estiment que le système fiscal est injuste.

Manuel Valls a toujours estimé, avec raison, que les hausses d’impôts devenaient insupportables pour nos concitoyens. Cependant en privilégiant les baisses d’imposition en direction des foyers modestes, le gouvernement réalise à nouveau une erreur de jugement, préférant une mesure populo-électoraliste à une vraie vision qui responsabiliserait les français.

En effet, la principale conséquence des annonces de Manuel Valls est de « sortir » du paiement de l’impôt 1,8 million de ménages. La mesure va se concentrer sur ceux qui gagnent jusqu’à 1,1 smic. L’objectif avoué est de contrer les répercussions du gel du barème fiscal. On estime à 3 millions le nombre de nouveaux ménages qui, depuis 2010, sont devenus imposables.

La réalité de ces chiffres est embarrassante pour le gouvernement socialiste qui se veut le défenseur des plus modestes. Cependant il y avait un intérêt, ouvrir aux plus grands nombres le paiement de l’impôt.

Nous pouvons considérer que l’impôt sur le revenu est l’armature du « moins mauvais des systèmes politiques ». L’égalité réelle devant l’imposition devrait être le maître mot de nos gouvernants. L’erreur de Manuel Valls est de restreindre le paiement de l’impôt. Pour rappel, selon les chiffres de Bercy, en 2012 un ménage sur deux a été exonéré d’imposition sur le revenu. Ces chiffres sont difficilement audibles pour la moitié des Français issus pour la plupart des classes moyennes qui ne bénéficieront d’aucun allègement après des années de hausses constantes. Manuel Valls semble oublier la vertu sociale du paiement de l’impôt. Cette mesure va développer le sentiment de déresponsabilisation. N’est-il pas sain voire honnête d’introduire un paiement minimal de l’impôt sur le revenu? Nous serions dans le domaine symbolique, mais nous pouvons imaginer le paiement de vingt euros minimum pour tous. Cette mesure permettrait de simplifier la notion que nous avons de l’impôt et de nous rendre plus égalitaire devant lui. Cette mesure aurait pour avantage de faire mentir Albert Einstein qui affirmait : « La chose la plus difficile à comprendre au monde c’est l’impôt sur le revenu ! ».

Le sentiment d’injustice de nos compatriotes devant la fiscalité n’a jamais été aussi vif. Les plus riches ont quitté depuis longtemps le pays ou optimisent leur fiscalité au détriment des classes moyennes. Les baisses d’impôt s’imposent, mais s’imposent à tous.

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