André MALRAUX l’avait prédit « tout le monde est, a été, ou sera gaulliste », assertion prophétique ?

Julien AUBERT député du Vaucluse élu une première fois en 2012, réélu en 2017, répond positivement à cette question et se réclame de cette filiation dans toute sa pureté. Comprendre : on est toujours seul quand on a la Foi. Même s’il n’a pas prononcé cette phrase, elle se lit en filigrane dans son discours : « l’originalité ne tient pas au nombre, on peut représenter 2% d’un parti et être un moteur, avoir des idées originales ». Difficile de ne pas être d’accord sur ce point, même s’il vaut mieux être au pouvoir pour faire passer ses idées, malgré tout.

D’entrée de jeu et pour couper court aux interrogations que d’aucuns pourraient avoir à propos de son libéralisme il assure «  je suis libéral, comme vous, mais différemment, un peu comme l’homo-sapiens et l’homo sapiens-sapiens » ; il se veut libéral parce que cela suppose le goût et l’esprit de liberté, mais aussi gaulliste, par une vision européenne autonome et non vassalisée. L’Europe dans son analyse est devenue un appartement dont le propriétaire accepterait le partage avec un voisin au nom de la destinée commune du syndic. A terme il ne pourra plus choisir la couleur des rideaux. Cette allégorie l’amène au constat suivant : la démocratie nationale n’existe plus et l’élu est devenu le guichetier de décisions qui ne sont plus souveraines, comme celles prises sur la question des travailleurs détachés ou la compétence de la Convention Européenne des Droits de l’Homme.

Ainsi les traités sont-ils à renégocier, malgré les dénis des partisans de l’intégration, dont le Président de la République, son condisciple de l’ENA, qui « propose une souveraineté européenne, c’est-à-dire un peuple européen ». C’est pourquoi à la question d’un assistant sur le discours de Philippe SEGUIN en mai 1992 à propos du traité de Maëstricht, Julien AUBERT répond que tout y était dit et que c’était visionnaire, que la liberté c’est la souveraineté. On lui pardonnera cette redondance, en ancien français « franc » voulait dire libre, donc « souverain », la lettre vaut pour l’esprit.

Etant ainsi définies les positions du candidat à la présidence des Républicains sur le libéralisme et l’Europe restait à cerner ses propositions sur la gouvernance du parti. Elles s’articulent autour d’un certain nombre de constatations. Entre une ligne privilégiant une droite pure et dure et une ligne plus ouverte et sociale, Julien AUBERT propose une réorganisation en deux entités distinctes, les républicains gaullistes et les républicains libéraux, suivant la distinction communément admise entre bonapartistes et orléanistes, ces deux tendances ayant chacune perdu le lien avec leur base, l’une populaire, l’autre bourgeoise, au profit d’un appareil déconnecté tournant en autonomie. Deux formations jumelles, dont les membres seraient désignés par les militants, pourraient élire un président unique, ce système ne réitérant pas la fusion factice précédente entre l’UDF et le RPR qui aboutit au désastre des dernières élections, présidentielles et législatives, les deux courants n’ayant jamais formé une vrai famille politique, faute d’un projet commun et d’un débat clarificateur. Ce débat devra lui-même être en tout état de cause fondé sur un principe de responsabilité : être une droite morale assumée et libérée d’une idéologie gauchisante qui cadenasse le langage et les esprits, loyale envers sa tradition, ses convictions et ses valeurs. Il faut rappeler à cet égard que M. AUBERT qui se veut héritier de Philippe SEGUIN et de Charles PASQUA, « Séguino-Pasquaien » comme il dit, se réclame à la fois de la fibre sociale du premier et du goût de l’ordre du second. Il pense que, sous ces conditions, on pourra redonner aux élus, surtout à ceux qui, à la base, assurent l’exercice de la démocratie et la vie des territoires, la confiance que les électeurs leur ont retirée, entraînant le vote extrême ou l’abstention, par désintérêt ou par déception.

Sachant qu’il n’était pas devant une assemblée acquise par avance à ses idées, malgré une proximité dans le domaine sociétal par son opposition au mariage pour tous, Julien AUBERT a montré une conviction et une originalité de réflexion qui ont retenu l’intérêt des participants et suscité de nombreuses questions.