Revue de Presse – Interview d’Hervé Mariton dans le Figaro 08/01/2014

LE FIGARO. – Après les vœux de François Hollande, l’UMP lui répond «chiche» sur le pacte de responsabilité proposé aux entreprises. Partagez-vous cette bonne disposition?

Hervé Mariton. -Depuis vingt mois, les Français ont vu que les orientations du président de la République étaient mauvaises pour la France. S’il doit y avoir une évolution dans un moins mauvais sens, on ne peut pas le regretter. Certes, le 31 décembre, François Hollande a été habile dans ses propos. Mais, au-delà d’une opération de communication assez réussie pour ceux qui ont envie de l’entendre, qu’y a-t-il de concret dans tout cela? Les bonnes paroles du 31 décembre ne suffiront pas, il faut des actes. Et de ce point de vue, l’année 2013 s’est mal terminée et 2014 démarre mal. Je ne vois pas la trace d’une conversion sincère.

À quoi faites-vous allusion en particulier?

Le 29 décembre, le Conseil constitutionnel a censuré des dispositions du projet de loi de finances pour 2014 qui étaient fondamentalement «anti-entreprises». À l’Assemblée nationale, nous commençons l’examen du projet de loi d’avenir pour l’agriculture. C’est un texte très marqué idéologiquement, qui consacre l’interventionnisme étatique et manque d’une ambition de compétitivité internationale. Les actes démentent les paroles du président. Par ailleurs, est-ce que la politique de recrutement dans le secteur public est abandonnée? Est-ce que le gouvernement a renoncé à fermer, sous la pression des Verts, la centrale nucléaire de Fessenheim, qui est un élément de notre indépendance énergétique?

Que doit faire le président de la République pour vous convaincre qu’il s’agit vraiment d’un changement de cap?

Le président de la République parle de pacte de responsabilité pour les entreprises. Mais il faut d’abord qu’il prenne lui-même ses responsabilités. S’il s’agit d’un changement de cap, le président doit l’assumer complètement. Et le gouvernement doit le faire valider par sa majorité au Parlement, par le biais d’une déclaration de politique générale ou d’un vote de confiance. S’il veut être pris au sérieux et redonner confiance aux Français, l’exécutif ne peut pas se réfugier derrière la procédure des ordonnances.

La majorité élue en 2012 est très marquée, très à gauche. Soit le président n’ose pas faire bouger sa majorité et il ne se passera rien, en dehors de formules habiles, soit il s’en sent capable et alors il n’a pas besoin d’ordonnances.

Pourtant, dans ses vœux, François Hollande a reconnu avoir sous-estimé l’ampleur de la crise…

C’est effectivement une nouveauté et il vaut mieux prendre conscience d’une réalité que nier les faits. Mais c’est un diagnostic qu’il pose bien tard. D’une manière générale, François Hollande n’est pas mauvais dans les formules. Par exemple quand il a parlé du choc de simplification, c’est très sympathique, mais que s’est-il passé depuis?

L’UMP ne va-t-elle pas se diviser sur l’attitude à tenir face à ce changement de pied, même timide?

L’UMP ne se divisera pas. Je le répète, nous jugerons le président aux actes. Ce à quoi son discours nous oblige, c’est à être toujours plus attentifs aux projets qui nous seront présentés, à entrer encore davantage dans chacun des sujets, comme nous allons le faire sur l’agriculture. En termes de propositions, il est important que l’UMP soit à la hauteur de la gravité des défis auxquels la France est confrontée.

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