[INTERVIEW – Le JDD] Le point sur mes actions

INTERVIEW – Des réunions publiques autour d’un mouvement (“Droit au coeur”), une tribune dans la presse égyptienne pour réclamer une nouvelle union pour la Méditerranée… Hervé Mariton, le “petit” candidat de l’élection du président de l’UMP de l’automne dernier, est de retour. Interrogé par leJDD.fr, le député de la Drôme regrette que Les Républicains ne parlent pas assez d’économie et évoque la primaire de 2016 : “Je ne m’interdis pas d’y penser.”

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Mercredi matin, à l’Assemblée nationale, vous réunissez vos soutiens dans le cadre de votre mouvement, “Droit au coeur”, et, le 5 juillet prochain, vous organisez vos premières “estivales”, sorte d’université d’été chez vous, dans la Drôme. Que comptez-vous faire avec cette structure?

Les mouvements de l’UMP n’existent plus, mais les groupes de réflexion perdurent. J’avais lancé, il y a quelques années, “Réforme et modernité”. Ce groupe a évolué en “Droit au cœur”. Il s’agit, au travers de cette structure, de formuler des propositions et nourrir le débat au sein des Républicains. Dans notre grande famille politique, il est certes important d’assurer la cohésion de l’ensemble, mais les convictions de chacun doivent être entendues.

Vous avez obtenu 6,3% des suffrages à l’élection pour la présidence de l’UMP. Allez-vous vous présenter à la primaire en 2016?

Je ne m’interdis pas d’y penser. 10.000 militants ont voté pour moi et quelqu’un devra les représenter. Mais je ne compte pas venir jouer la mouche du coche. Avant de penser à 2016, je veux formuler en amont des propositions pour nourrir un projet collectif.

Nicolas Sarkozy et Alain Juppé bataillent déjà pour le leadership dans votre parti…

Lors de l’élection à la présidence de l’UMP, j’étais contre le fait que le président du parti puisse être candidat à la primaire. Ce n’était pas l’opinion de Nicolas Sarkozy qui a été élu. Avec Alain Juppé, il s’est lancé dans un concours de déclarations viriles.

Or pourquoi les hommes politiques n’inspirent plus confiance? Parce qu’ils promettent trop. Il faut, au contraire, parler clair, être pragmatique, aller “droit au cœur” des problèmes.

Depuis leur naissance, Les Républicains évoquent davantage les sujets de société – leur première convention était consacrée à l’islam – plutôt que les questions économiques. Cela vous gêne-t-il?

C’est plus facile de parler d’enjeux sociaux que d’aborder les sujets économiques. A droite, nos propositions sur l’islam, l’immigration ou la sécurité sont mieux perçues et reçues par notre électorat, plus exigeant sur l’économie. C’est pourquoi un certain nombre de responsables ont une certaine distance vis-à-vis de dossiers plus techniques.

Ce qui ne me concerne pas : si j’ai été médiatisé avec le mariage pour tous, je suis le porte-parole du groupe des Républicains à la commission des Finances de l’Assemblée nationale.

Sur les sujets économiques, y a-t-il un manque de courage ou de compétences de certains cadres de votre parti?

Plus que de l’incompétence, il y a peu d’appétence sur ces sujets. Parler d’insécurité ou de laïcité permet une meilleure visibilité médiatique. Mais, chez certains à droite comme à gauche, il y a aussi un manque de courage politique.

La loi Macron revient en seconde lecture à l’Assemblée nationale. Allez-vous, comme en première lecture, voter pour le texte?

La loi Macron est une belle tentative économique et permet, par le biais de plusieurs petits sujets, de faire avancer les choses. Sauf transformation grave de la loi d’ici le vote à l’Assemblée, je voterai pour. A l’inverse, je m’oppose à la loi Rebsamen à venir sur le dialogue social. Ce texte ne règle pas la question des seuils sociaux qui doivent, pourtant, être réformés. C’est une grave occasion manquée. Je suis pour la loi Macron, contre la loi Rebsamen : voilà ce qu’est une opposition intelligente et constructive à mon sens.

Vous avez été en charge du projet de l’UMP pendant deux ans, de 2012 à 2014. Qu’en reste-t-il?

Nous avons mené treize conventions thématiques. Elles ont disparu du site Internet de l’UMP/Républicains, et je le regrette. Il est vrai que ces travaux n’ont pas eu un écho médiatique ébouriffant et j’en prends ma part de responsabilité. Mais plusieurs responsables politiques ont pioché dans mes idées, et cela me va très bien. Je n’ai pas de susceptibilité d’auteur, je veux juste faire avancer le débat.

Vous publiez mercredi une tribune, en arabe, dans le quotidien égyptien Akhbar Al-Yawn dans laquelle vous réclamez “une nouvelle coopération des Etats méditerranéens” face à “la menace sans précédent” qu’est Daesh. Que proposez-vous?

La guerre contre Daesh, et contre les dangers islamistes en règle générale, doit amener à rassembler les pays modérés. L’Union pour la Méditerranée, lancée par Nicolas Sarkozy mais stoppée nette avec les printemps arabes, était une bonne intuition. Il y a matière à la relancer, y compris avec Israël.

Je suis un ami d’Israël mais j’ai publié cette tribune en Egypte pour montrer ma volonté de dépasser les clivages.

Vous écrivez également que “la France a une vision trop manichéenne” du Maghreb et du Proche-Orient…

La France de François Hollande est dans le non-dialogue avec un certain nombre d’Etats, et notamment Israël. On a eu un accueil un peu naïf des printemps arabes et plusieurs pays de la région sont susceptibles à notre égard. Il faut changer cela.


Propos recueillis par Gaël Vaillant

 

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