La France a besoin d’un « printemps des libertés » ma tribune dans Les Echos

Les Français sont méfiants, défiants, pessimistes. Notre société et notre économie s’installent dans la sclérose et le déclin. Cette défiance se manifeste en particulier par le rejet quasi systématique et rapide des majorités politiques en place. Tel n’a pas été le cas chez nos voisins britanniques, avec la réélection des conservateurs emmenés par David Cameron, qui constitue une double victoire : celle des résultats économiques grâce à des réformes courageuses qui ont commencé à porter leurs fruits, mais aussi celle du débat d’idées à travers la Big Society, qui est l’une des intuitions politiques les plus innovantes à droite au cours de ces dernières décennies.

Nous devons à notre tour redonner toute sa place à la société civile. En effet, la puissance publique est à la fois perçue comme écrasante et impuissante. L’heure est donc venue d’un « printemps des libertés », c’est-à-dire d’un projet politique mobilisateur capable de restaurer la confiance des Français en faisant souffler un parfum de liberté et de responsabilité.

Ce souffle existe déjà comme en témoignent les succès de l’économie collaborative ou encore du statut d’autoentrepreneur. Il ne demande qu’à s’exprimer davantage pour assurer certaines missions d’intérêt général mieux que l’Etat ne parvient à le faire aujourd’hui.
L’Etat doit ainsi adopter un double principe de parcimonie pour laisser sa place à la société civile : d’une part en restreignant ses domaines d’intervention aux sujets les plus importants et à la correction des déséquilibres les plus flagrants. En se concentrant, ensuite, sur la définition des objectifs de politique publique et en laissant à la société civile le soin de trouver la meilleure façon de les accomplir.
Concrètement, ce « printemps des libertés » peut se décliner en 4 axes principaux, pour lesquels mon mouvement Droit-au-Coeur a déjà formulé 15 propositions concrètes.

La première idée concerne la réduction du champ de l’intervention publique. Nous devons avoir le courage de réduire, voire de supprimer, certaines missions de service public dont la contribution à l’intérêt général n’est plus probante. En particulier, nous devons responsabiliser et libérer davantage les entreprises en réduisant simultanément les aides et les taxes qui pèsent sur elles.

Le second point consiste à diminuer le monopole des pouvoirs publics sur les missions de service public. Nous proposons, à cet effet, la mise en place d’« Investissements à impact social (sur le modèle des Social Impact Bonds britanniques) permettant un recours à des financeurs privés pour des missions d’intérêt général donnant lieu à une rémunération publique uniquement en cas de réussite des projets. Par ailleurs, de nombreuses missions de service public (placement des chômeurs, inspection du travail…) peuvent être transférées vers des organismes privés certifiés et accrédités.

Le troisième axe vise à redonner du pouvoir de décision à la société civile dans l’affectation de certaines dépenses publiques. Nous suggérons, ainsi, de permettre aux contribuables d’affecter une part mineure de leurs impôts (redevance télé, impôt sur le revenu, impôt sur les successions) à des projets d’utilité publique de leur choix, de manière à contribuer au financement volontaire du tiers secteur plutôt qu’à l’anesthésier et à l’étatiser à coups de subventions publiques.

Enfin, une quatrième direction à explorer est d’améliorer la qualité et la flexibilité des missions de service public exercées par la puissance publique. Les débats actuels sur l’éducation font ressentir le besoin impérieux de réelle autonomie des établissements scolaires, en responsabilisant chaque chef d’établissement, assisté d’un conseil d’administration constitué de personnalités locales de la société civile (choix des volumes horaires de cours et des rythmes scolaires…).
C’est ainsi que nous pourrons restaurer la confiance au sein de la société française.
Hervé Mariton

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http://www.lesechos.fr/idees-debats/editos-analyses/021111808607-la-france-a-besoin-dun-printemps-des-libertes-1126479.php?hEwWsEd3c6Tq6xB5.99

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