Le Monde du 22 mai : un outsider « libéral-conservateur »

Le député Les Républicains de la Drôme est candidat à la primaire de la droite en vue de la présidentielle

Ne lui dites surtout pas qu’il est « réac ». Hervé Mariton en a assez d’être caricaturé ainsi depuis son combat acharné contre le mariage pour tous. Désormais candidat à la primaire de la droite pour la présidentielle de 2017, il veut dépasser ce rôle de défenseur des valeurs de la famille traditionnelle qui l’a fait connaître du grand public. A 57 ans, dont trente de vie politique, le député Les Républicains de la Drôme veut intervenir sur d’autres thématiques sur lesquelles il s’estime suffisamment qualifié pour faire entendre sa voix. C’est-à-dire toutes… ou presque. Finances, transports, nucléaire, agriculture, défense, santé : ce grand bavard, réputé pour ses capacités de travail hors normes à l’Assemblée nationale, a la particularité de pouvoir tenir un discours pointu sur à peu près tout.

Le maire de Crest (Drôme) en a fait une marque de fabrique. Allergique aux « effets d’annonce », l’ancien responsable du projet de l’UMP sous la présidence de Jean- François Copé se positionne comme « un candidat sérieux », qui érige le travail de fond en valeur cardinale. « Des hommes et des femmes vivent la politique comme une mission et non comme un jeu. J’en suis », explique-t-il dans son ouvrage Le Printemps des libertés (L’Archipel), paru en mars. Alors que certains mettent en avant leur pragmatisme, lui assume mener un « combat idéologique », en se définissant comme un « libéral-conservateur ». Son credo ? « Le sursaut de la France passe par une réponse de liberté dans le domaine économique et de valeurs sur les sujets de société. » Se considérant comme « le seul vrai libéral » de la primaire, l’éphémère ministre de l’outre-mer de Dominique de Villepin va jusqu’à promettre 130 milliards d’euros d’économies, la suppression pure et simple du code du travail et des subventions publiques au logement social, ainsi que l’instauration d’une « flat tax », un impôt universel sur le revenu avec deux taux (2 % jusqu’à 8 000 euros, 15 % ensuite).

Droit du sang

Mais son libéralisme ne s’étend pas aux sujets de société, sur lesquels ce père de quatre enfants revendique une approche résolument « conservatrice », opposé à la loi Taubira ouvrant le mariage aux couples homosexuels, à la procréation médicalement assistée (PMA) et à la gestation pour autrui (GPA). Il juge également que la loi Veil a été « progressivement détournée pour transformer l’IVG en moyen de contraception ». Sans oublier de tenir un discours de fermeté sur l’immigration, en étant le seul candidat de droite à défendre le droit du sang, une mesure prônée de longue date par le FN. Autre spécificité : ce russophile fustige « la vénération » pour Vladimir Poutine au sein de son parti et s’affiche résolument atlantiste.

Se présentant comme « le seul candidat pied-noir et le seul candidat non gaulliste, issu de l’UDF », l’ex-parti centriste, il met aussi en avant son parcours personnel pour se distinguer de ses rivaux.

Né en 1958 à Alger d’une mère juive algérienne et d’un père catholique originaire du Dauphiné, qui avait oeuvré dans la résistance au sein des Francs-tireurs et partisans, créés par le Parti communiste français, M. Mariton se dit marqué par son rapatriement d’Algérie à l’âge de 4 ans. « Le fait d’être juif et pied-noir a contribué à mon engagement au sein de l’UDF et non au RPR gaulliste », confie-t-il.

Crédité de 1 % d’intentions de vote pour les scrutins du 20 et 27 novembre, M. Mariton n’a désormais qu’un objectif : figurer sur la ligne de départ, en recueillant les vingt parrainages de parlementaires nécessaires. S’il dispose de réelles chances d’y arriver – grâce au réseau d’une cinquantaine de députés et sénateurs qui l’avaient soutenu lors de sa candidature pour la présidence de l’UMP, fin 2014 –, il assure disposer pour l’instant de l’engagement d’« une quinzaine » d’entre eux.

Toujours à la recherche du mot juste, ce polytechnicien souffre toutefois d’un fort déficit de notoriété. Difficile d’être audible du grand public quand on aime se lancer dans des réflexions très conceptuelles. Le principal intéressé en a conscience mais se félicite au contraire d’« avoir une analyse assez technique pour ne pas débiter des banalités ».

Cela ne l’empêche pas d’étriller ses concurrents, en particulier Nicolas Sarkozy, qu’il n’hésite pas à enterrer – « Les gens ne veulent plus de lui. Le meilleur service qu’il doive rendre à sa famille politique, c’est de ne pas être candidat » – et Bruno Le Maire : « Lui, je ne l’aime pas. Il y a trop de contradictions dans son discours. » Tout le contraire de M. Mariton, à entendre son directeur de campagne, le député LR de la Manche, Philippe Gosselin : « C’est un candidat crédible, qui n’est ni people ni démago car ce qu’il dit, il le pense vraiment. Il porte des idées qui doivent lui permettre de figurer dans le casting de la primaire. » Verdict le 9 septembre, lors de la date limite de dépôt des parrainages.

Alexandre Lemarie

Voir ou télécharger l’article

 

Comment(1)

  1. Gilles says

    Merci pour votre combat pour la défense de nos valeurs (tout ce qui touche à la famille particulièrement) aujourd’hui bafouées qui auraient justifié, à tout le moins, pour leur évolution, d’être avalisées après un large débat par le peuple français dans le cadre référendaire
    J’espère en tout cas que la primaire sanctionnera comme ils le méritent les élus qui n’ont pas eu le courage de brandir et défendre cet étendard de la famille, ce socle tant malmené de notre civilisation occidentale …ou de ce qu’il en reste

Poster un commentaire à Gilles